Dans ce livre, j'ai retrouvé tous les motifs qui jalonnent mon parcours depuis l'annonce de la maladie : la nuit noire, la dissociation, le changement, les peurs, la question de l'identité, le décalage avec l'entourage, les injonctions à revenir à qui on était, et, bien entendu celui du sens.
J'aime le ton, toujours délicat de Marie Lise Labonté. J'aime sa façon de ne pas asséner de grandes vérités, d'observer, de partir de 6 vies (dont la sienne) arrivées à ce point de rupture où l'on n'a plus rien à perdre pour dérouler sa réflexion. L'auteur remarque qu'en amont de l'épreuve, il y a parfois une scission entre notre intérieur et notre extérieur. On vit une vie qui ne nous correspond plus forcément.
Nous ne sommes pas responsables de l'épreuve, nous n'en sommes pas victimes, mais ce que la vie nous amène n'en est pas moins étroitement relié à nous. Où en sommes-nous dans nos vies au moment de l'événement? (p.82)
Je me suis totalement retrouvée dans le cheminement que suit le livre. Dans la peur du changement aussi. Dans mes doutes fréquents quant à la question de savoir si je suis véritablement passé de l'autre côté du miroir, si j'ai traversé cette forme d'initiation où l'on meurt à une partie de nous-mêmes, où l'on va puiser dans nos ressources de vie instinctives...
L'épreuve, c'est ce moment d'extrême solitude où nous est donnée la possibilité de nous réaligner, de rejoindre qui nous sommes vraiment, de nous mettre à l’écoute de notre âme. Dès le départ, j'ai vécu ma maladie comme cela. Mais j'ai mis une éternité à comprendre que le résultat est hors de notre vision, qu'on ne peut pas s'appuyer dessus pour effectuer le passage qui nous est demandé.
Penser que l'épreuve, à elle seule, a un sens, c'est projeter sur elle notre pouvoir. Ce qui fait sens, c'est que nous sommes touchés au coeur de nous-mêmes... (p.187)
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