Désemparée
- be_caro
- 23 nov.
- 2 min de lecture
Enfin, en ce petit matin froid, j'arrive à mettre un mot sur là où j'en suis dans mon processus de deuil. Trouver le mot, le qualificatif est un soulagement : c'est un éclairage qui me dit où je suis et parfois même vers où je vais. C'est comme réussir à attraper le fil pour remonter à la pelotte ou l'extrêmité du scotch qui permettra enfin de dérouler le ruban. Ainsi le mot m'enseigne, comme un murmure, il m'appelle, attire mon attention sur quelque chose.
Désemparer, vient en réalité du champ lexical de la marine : désemparer un bateau, c'est le mettre hors d'état de nuire. Par la suite et par analogie, c'est priver quelqu'un de ses moyens de sorte qu'il est hors d'état de se défendre.
Oui, je crois que j'ai mobilisé énormément de ressources et d'énergie durant ces deux mois et demi, mais en vue de quoi? Une forme de survie pour affleurer à peine la réalité qu'il y a tout autour de moi, celle des enfants, celle du travail, celle de l'administratif. Il n'y a que les autres que cette attitude trompe. Dans mon coeur le "à quoi bon" règne en maître. C'est lui qui me désarme, me désarçonne. Je n'arrive pas à m'en débarrasser, comme le morceau de scotch qui colle au doigt quand bien même on l'agite dans tous les sens.
Et je me sens amère : tout ce que je mobilise quotidiennement ne sert que cette survie. Elle est bien entendu nécessaire, tout commence par elle, mais j'ai parfois l'impression d'être juste dans l'attente d'un déclic qui viendrait me remettre dans la vie, dans un mouvement d'expansion. Je n'arrive pas à mieux que d'attendre... alors je rajoute vite "pour l'instant", histoire de laisser la porte ouverte. Et ce soir, c'est une victoire, un jour est passé.




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