Un jour sans fin
- be_caro
- il y a 1 jour
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44 fois que je revis, non pas le même matin, mais que je me retrouve à ce point même où tout s'est arrêté, où il n'y a plus aucune route tracée. Chaque matin, quelque soit l'heure, quelque soit l'état de fatigue dans lequel je me réveille, très vite arrive cette prise de conscience vertigineuse qu'il est mort et ne reviendra pas, comme si le choc de l'annonce m'atteignait de plein fouet encore une fois, encore 44 fois.
Alors s'ouvre ma boîte de Pandore. Sans crier gare et sans égards, elle déverse ses mille et une afflictions sur moi. Elle fait remonter des souvenirs que je ne suis pas prête à regarder, elle me confronte aux questions administratives, financières, organisationnelles et émotionnelles que le sommeil avait miraculeusement mis en pause. Je me sens minuscule et désarmée face à ce raz-de-marée. J'ai beau mobiliser toutes mes capacités mentales pour essayer de tout remettre dans la boîte et la fermer, je n'y arrive pas.
A l'évidence, il y a là quelque chose d'inapproprié dans ma façon d'aborder le problème et que la volonté n'est pas le bon outil pour y faire face. La semaine qui a suivi le décès de mon mari, j'ai si peu dormi que j'étais dans un état second. Aussi étrange que cela puisse paraître, en celui-ci un mode automatique côtoyait une sorte de sentiment de flow, comme si je marchais sur des nuages et avançais avec la confiance de celle qui n'a pas le choix. Paradoxalement, dormir un peu plus (mais pas assez) me replace dans la doxa de notre temps selon laquelle la volonté peut tout alors que je cherche le fil d'or de mon flow. L'acceptation en est certainement le point de départ... mais comment accepter en 44 jours à peine?

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