Un douzième
- be_caro
- 12 oct.
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Aujourd'hui, cela fait un mois que j'ai confié le corps de mon mari à la terre. J'ose à peine m'arrêter pour me retourner sur ce chemin que j'ai été contrainte de marcher. C'est comme si regarder en arrière allait rendre tout ce que j'ai vécu encore plus réel que cela ne l'est. Je n'ai aucun temps à habiter. Les souvenirs d'avant me sont encore trop douloureux. Et prévoir, anticiper, se projeter est un exercice vertigineux qui m'entraîne dans les abysses de l'angoisse. Alors, je reste coincée dans ce présent empli de tristesse dans lequel j'ai le sentiment de me noyer.
Alors, souvent, mon esprit prend la fuite, je me dissocie pour être fonctionnelle, pour pouvoir traiter l'administratif, pour manger, pour m'occuper des enfants. C'est cela qui me permet de ne pas rester figée, comme un lapin pris dans les phares. Je tiens, mais sans vraiment habiter mon corps.
Lorsque j'échange avec les gens autour de moi, notament les personnes qui sont passés par le même type d'épreuve, j'entends revenir souvent le refrain du "un an". A les entendre, on aurait besoin de toute une année pour accepter, toute une année pour traverser toutes les dates significatives. Un an... j'en ai fait un douzième. C'est trop peu pour ce que je vis. Avec l'automne et l'hiver je vois arriver les 3 ans de l'annonce du cancer, la Saint-Nicolas, mon anniversaire, Noël, Nouvel-An. Je voudrais les repousser, mais c'est comme si ces dates avançaient inexorablement vers moi...

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