Lorsqu'on a un cancer, lorsqu'on porte un foulard de chimio, les gens se tournent parfois vers nous pour échanger avec nous sur la maladie. Cette mise contact avec des inconnus, avec des personnes de notre entourage plus ou moins proche est forte, intense, rapide. Très vite, on "parle vrai", on se concentre sur l'essentiel.
Alors même que je n'ai jamais désiré faire partie d'un groupe de paroles, j'ai souvent été très touchée par ce que les personnes pouvaient me confier, partageant souvent le parcours d'un proche. Depuis l'annonce de ma maladie, j'ai accueilli du mieux que je pouvais ces histoires dans leur triste beauté, dans leur singularité. J'ai aussi vu des personnes voir partir leurs conjoint.e.s, parents, soeurs, frères ou enfants.
Et moi je suis toujours là... et je reste bêtement avec cette question sans réponse : pourquoi eux et pas moi? Qui suis-je en face d'eux? Quel réconfort puis-je leur apporter? Si je peux parfois accueillir de façon plus particulière leur récit, je reste sans voix lorsque la vie leur enlève une personne proche... encore plus que si cette personne n'était pas morte des suites d'un cancer.
Le mari d'une amie a rejoint les étoiles il y a environ une semaine et mon coeur est en peine. J'ai tout l'outillage intellectuel pour comprendre à quel point mes questions sont vaines, mais l'émotion est là. Et elle revient à chaque décès...
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