Sur mon chemin de guérison, il y a un lac, des bateaux, des femmes, des coachs, du rire et de la sueur. Cela fait 9 mois maintenant que j'ai rejoint le programme Ramer en rose du Rowing Club de Lausanne. Je me souviendrais toute ma vie de ma première séance d'initiation. Je me suis arrêtée net en voyant ces femmes ramer sur leur ergomètre, en cadence, comme une seule entité. Elles étaient toutes magnifiques et imposaient un respect digne de celui dû aux reines. Les voir, c'était comprendre en un instant que c'était possible.
Avec une proprioception plutôt approximative et de grosses difficultés de concentration, acquérir la technique m'a coûté : j'ai souvent eu envie de me cabrer et décréter que c'était trop difficile pour moi et de rentrer à la nage. Si je n'en ai rien fait, c'est grâce à des coachs extraordinaires, qui ont construit une posture parfaitement adaptée: le respect de nos limites s'inscrit dans un soutien inconditionnel avec des exigences à la hauteur de ce qu'on est capable de faire à chaque entraînement. Là-bas le temps s'arrête, la maladie est laissée aux vestiaires. Là-bas, le corps revit. Là-bas, j'ai me suis remise à rire. Emerveillée, j'ai glissé sur le lac et je me suis sentie intensément en vie.
C'est comme si toutes ces femmes avaient ouvert un chemin que je pouvais emprunter : celui d'un corps toujours bien vivant malgré les traitements, d'une reconstruction, d'une nouvelle estime de soi. Ca a été une véritable honneur d'apprendre et de m'entraîner parmi elles, à un moment de nos existences où la vulnérabilité côtoie la pousse d'une nouvelle force intérieure que le sport développe et renforce. Quelle joie d'assister à leurs transformations, de voir leurs cheveux repousser... et de savoir que leur chemin continue dans une autre section de ce club.
Mon tour arrive bientôt. Ce que j'emmène avec moi est d'une rare préciosité et les mots me frustrent, n'arrivent pas à exprimer l'étendue de ma gratitude. L'ultime leçon sera sans doute d'accepter tout ce qui m'a été donné et de ne pouvoir que dire : merci et d'essayer, avec ces quelques lignes, de leur rendre hommage.
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