Les fêtes de fin d'année sont souvent l'occasion de nous retourner sur le chemin parcouru et parfois de poser des intentions pour l'année à venir. Ma mastectomie ayant eu lieu un 21décembre, cette période est un point de repère où j'essaie d'évaluer où j'en suis. C'est comme une sorte de passage piétons où je regarderais à la fois du côté du passé et du côté de l'avenir avant de traverser et d'arriver dans la nouvelle année.
Jeune, j'adorais la citation de Nietzsche qui disait que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. J'y croyais. Cela m'a parfois aidée à me remettre de petites choses (qui ne me paraissaient pas si petites alors). Et puis la maladie et les traitements sont arrivés. J'ai touché là un point de vulnérabilité absolue où il était impossible de croire que cela allait me rendre plus forte. Ce qui m'avait brisée en mille morceaux ne pouvait pas être ce qui allait les rassembler à nouveau. Il y a peu, j'ai enfin lu les mots que je cherchais sans le savoir :
Si je sors cette phrase de son contexte (cf. "Guide du proche aidant"), elle n'en est pas moins complètement signifiante pour mon propre parcours. La question n'est plus alors de savoir si je suis plus forte qu'avant la maladie, mais de regarder où j'en suis dans mon propre processus de reconstruction. Je peux alors valider mon avancée, faite de pas à ma mesure. Ils ne sont pas égaux entre eux, mais chaque a été déterminant pour pouvoir poser le suivant.
A Nietzsche je préfère désormais l'analogie avec le kintsugi, l'art japonais de sublimer des fêlures de céramiques avec de l'or pour redonner vie à un objet. Et je crois que c'est ce que font certaines tatoueuses engagées, comme les soeurs d'encre par exemple. J'imagine que le jour où mon tatouage deviendra une réalité, j'aurais le sentiment d'être arrivée au bout de ce processus... mais je laisse la porte ouverte à la possibilité que cela se produise avant.
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