A peine commencée, j'ai dévoré cette BD. J'ai adoré le style, la finesse, l'humour, mais aussi le chemin de cette jeune femme. Cette histoire n'est pas celle de sa maladie, c'est surtout celle de son amour pour la nourriture, qui entraîne dans son sillage le récit de son séjour au Japon ou encore celui de ses amours et de ses amitiés.
Malgré tout, il y a cette annonce à laquelle elle doit faire face (cancer du sein triple négatif) et les traitements, qui modifient son goût. Ce n'est pas tant la maladie que cette sorte d'arrêt sur image qui permet à l'autrice d'évoquer différents moments de sa vie, comme autant de pièces de puzzle qu'on regarde avec elle.
Et j'ai aimé son regard sur la condition de malade quand on est une femme. Il y a ces terribles statistiques (que j'avais déjà lues ailleurs) : en cas de maladie grave, les femmes sont beaucoup plus quittées par leur conjoint que les hommes.
Il y a aussi comment on peut vivre ces injonctions à la féminité :
Mais c'est quoi "être une femme" quand on a perdu une grande partie des attributs qui nous ont construite? (...) Ce qui est sûr, c'est que pour "rester belle", j'ai dû raquer comme une femme. (p. 245)
Et enfin, cette façon posture de guerrière avec laquelle j'ai, personnellement, tellement bataillé :
Maëlle m'a fait comprendre pourquoi j'étais si mal à l'aise lorsqu'on louait "ma force" et "mon courage" . C'est que cela me faisait entrer dans l'archétype de la Wonder Woman qui gère son cancer comme un projet. (p.236)
Il y a mille et une raison de lire ce livre profond et léger, magnifiquement illustré : parce qu'il est une fenêtre ouverte sur la vie d'une femme gourmande de la vie !
Mais la vie ne s'était pas arrêtée, elle avait juste pris une autre densité. (p. 319)
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