J'ai souvent parlé ici de volonté, parce que j'ai réalisé à quel point elle ne fait pas tout dans un parcours thérapeutique. Aujourd'hui, j'arrive une fois encore à de ces moments que je connais depuis un peu plus de deux ans: j'ai le terrible sentiment que ma jauge de volonté est vide, que j'arrive plus à la mobiliser pour faire tout ce que je voudrais, comme si elle était limitée et que je devais choisir sur quel(s) terrain(s) la solliciter.
A y réfléchir, je crois que cela arrive à chaque fois que j'essaie de reprendre un rythme de vie après un événement marquant. C'est comme si la vie avait trop à proposer et moi pas assez de ressources, parce qu'il faut recommencer sans cesse, pour diverses raisons. Il y a bientôt deux mois, le décès de mon papa m'a freinée dans mon élan vers la nouvelle année et ses promesses de renouveau. Les souvenirs sont alors remontés sans crier gare, ils m'ont tenue éveillée et ont, lentement mais sûrement, siphonné mon énergie.
Et maintenant, même si je me remets plutôt bien de ma quatrième opération de reconstruction, je me sens démunie lorsque je dois me mobiliser pour les choses du quotidien : reprendre le sport, repasser une énième fois en revue quels vêtements de ma garde-robe je vais pouvoir mettre ce printemps, avancer sur mes idées de tatouage, etc., sans compter la vie de famille.
Ce sentiment est peut-être un peu plus marqué parce que c'est le printemps et que mes envies de bouger, d'avancer, de faire, de partager sont en pleine ébullition. Cela ne m'empêche pas de m'interroger sur ce qui se met entre moi et mes envies alors que l'énergie est là. A y réfléchir, je crois c'est le découragement, un terrible sentiment de lassitude aussi, comme une impression d'avoir à refaire que j'ai déjà fait mille fois, comme s'il n'y avait pas de fin à ce que le cancer a déclenché. J'essaie alors de suivre le filet de volonté qui est là, comme ce petit chemin, cette fine ligne qu'on devine dans le paysage. Aussi ténue soit-elle, elle est là. C'est le principal, le reste suivra...

Comments