Je me revois encore il y a tout juste deux ans, marcher avec le chirurgien pour descendre au bloc. J'étais heureuse de pouvoir être opérée tôt le matin afin d'avoir un peu atterri quand les enfants arriveraient en visite. J'avais moins peur que pour la tumorectomie, même si l'enjeu semblait bien plus immense : avec la mastectomie, c'était une part de ma féminité à laquelle je disais définitivement adieu. J'étais encore un peu portée par l'énergie de l'éco-rituel pratiqué deux jours avant. Et j'entendais encore une amie me reprendre alors que, brisée, je lui disais que je devais tout recommencer, me dire
Il ne s'agit pas de recommencer, mais de continuer.
C'était comme si j'avais pu remettre un cadre autour de cet événement et le prendre pour ce qu'il était : une étape. Cette étape, elle se plaçait sous le sceau de l'hiver, de la nuit, c'était le solstice d'hiver. C'est le moment le plus yin de l'année, ce moment où on ne voit presque plus le point blanc du yang. Il est pourtant là et il va sous peu initier le mouvement de retour à l'activité. Si on ne les fête plus beaucoup, ces moments correspondent aux célébrations chrétiennes et païennes du retour de la lumière, après la traversée de la nuit.
Ces deux dernières années ont vu se succéder plus d'étapes que je ne l'imaginais à ce moment-là. Je me regarde dans le miroir et je vois le chemin parcouru tout comme je vois que la reconstruction n'a pas encore tenu ses promesses. J'accepte cet état où rien ne semble bouger, ni avancer, où je ne sais pas encore ce que me réservera le printemps. Et dès demain, je célébrerai le retour de la lumière.
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