C'est le printemps, le temps s'adoucit et je songe à ces gros pulls que je vais ranger. Je pense à la garde-robe de printemps, puis à celle d'été qu'il me faudra affronter et trier selon là où j'en suis avec mon corps. Une fois encore...
Ma chance, c'est que mes deux chirurgies (tumorectomie, puis mastectomie) ont eu lieu en hiver. C'était il y a un an et demi. Malgré ma difficulté à supporter la plupart des matières textiles, j'avais au moins comme avantage de pouvoir noyer mon corps meurtri dans des pulls amples, qui le protégeaient et le préservaient des regards.
Puis, il m'a fallu trouver des soutien-gorges avec de très larges bretelles, sous lequel pouvait se glisser mon PAC. Non pas que j'ai eu besoin de le cacher, mais comme il ressortait, immanquablement les bretelles frottaient et créaient une irritation. Impossible de m'en accommoder.
Lorsque les beaux jours sont arrivés, je me suis retrouvée en pleurs au milieu de mes habits d'été : si peu étaient compatibles avec mes contraintes. Exit les petits tops, tout comme les robes à bretelles, sans parler des imprimés incompatibles avec les couleurs chatoyantes de mes turbans. Et puis, la radiothérapie, en a rajouté une couche, il a fallu élagué à nouveau... A l'automne, c'est à regret que j'ai rangé ces vêtements que j'aimais tant et qui me disaient à quel point je n'étais plus la même.
Alors, cette année, même débarrassée de la contrainte du PAC, au moment de troquer ma garde-robe d'hiver contre celle d'été, j'ai une certaine appréhension parce qu'avec ma première opération de lipofilling, je n'ai plus droit à la prothèse. Il faudra encore s'adapter.
Si cette réflexion peut paraître triviale, elle n'en est pas moins le reflet d'une renonciation presque quotidienne qui vient s'ajouter à tout le reste.
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